Nous vous invitons au Tessin, en Suisse, où se trouve l'un des meilleurs sites d'escalade de bloc au monde.
Des premières ascensions aux projets inspirants, Ticino Gravity explore ce qu'est l'escalade de bloc tout en plongeant dans l'histoire et le contexte de la célèbre région suisse. Ce film est aussi un appel à l'action, vous invitant à vous renseigner sur les coutumes locales, les questions d'accès sensibles, la culture et sur notre communauté afin que nous puissions tous prendre soin des lieux que nous aimons.
#minimizeyourimpact
Pour l'athlète BD Kim Marschner et l’ambassadrice Kaddi Lehmann, le Tessin est devenu une seconde maison. Dans ce film, ils vous montrent d'où vient leur amour pour la région et vous emmènent en voyage à travers l'une des meilleures et des plus célèbres zones de bloc au monde. Le Tessin abrite des zones de classe mondiale comme Chironico, Cresciano, Callanca, Brione et Valle Bavona, où l'histoire du bloc s'est écrite. Ils suivent les traces de Claudio Cameroni, Fred Nicole, Bernd Zangerl, Thomas "Steini" Steinbrugger, Michi et Ivan Tresch, pour n'en citer que quelques-uns. Ils rencontrent également Richi Signer, l'un des premiers visionnaires à avoir perçu le potentiel de l'escalade de bloc à Chironico. C'est parti !
L'histoire complète de Kim sur son expérience lors de sa dernière king line et de sa première ascension :
Embrace Gravity – Blocs en stock dans le Tessin
La première fois que je suis allé dans le Tessin, c'était en 2016. J'avais eu 18 ans cette année-là et j'étais autorisé à conduire seul. Je venais d’acheter mon premier van, j’avais invité deux amis, et nous étions allés en Suisse.
Tout de suite, je suis tombé amoureux du Tessin et je savais que ce serait le spot de blocs où je voulais passer mon temps, pour répéter toutes ces splendides lignes classiques et réaliser de nouveaux blocs.
J'ai bientôt porté mon attention sur le Val Bavona. C’est une vallée parallèle à la Valle Maggia et la première fois que j’y suis allé, j’ai été impressionné par le nombre infini de blocs dans cette vallée. On remonte cette vallée étroite et, dès le départ, on aperçoit des champs de blocs de part et d’autre de la route. La particularité de Bavona est que la plupart des blocs réalisés sont cotés 8a ou plus. Dans cette petite vallée, il existe plus de dix blocs en 8c et au-delà. Je ne connais aucun autre endroit au monde où c'est le cas.
J’ai passé des heures et des jours à marcher dans la forêt et sur les crêtes environnantes à la recherche de blocs. Je suis motivé à l’idée de trouver LE bloc qui se démarque de tous les autres. Pour être honnête, je ne sais même pas à quoi ce bout de rocher doit ressembler. Dans mon esprit, il doit être haut, difficile, surplombant, avec une ligne évidente. Mais au final, c’est compliqué d’imaginer ce bloc et c’est pourquoi je continue mon exploration et ne cesserai probablement jamais de chercher ce bloc idéal.
L'année dernière, Jimmy Webb et son ami Roman ont trouvé le bloc rêvé au fond de la vallée. Ils m'ont invité à essayer ce caillou avec eux. C’est un grand mur en surplomb qui présente une incroyable variété de prises. Honnêtement, il est très proche de la pure ligne que je recherche. Mais comme je l'ai mentionné, je veux toujours trouver quelque chose de plus ambitieux.
Jimmy n’a pas tardé à grimper la ligne de gauche sur le bloc et l'a nommée « The New Abnormal ». C’est un excellent bloc en 8b+/c, un peu plus difficile si tu es de petite taille. Je me suis davantage concentré sur une sortie à droite de ce bloc, où la taille n’est pas un critère.
Mais l'année dernière, je n'ai pas réussi à faire le pas du crux et la saison s'est terminée.
Cette année, je suis revenu avec l'objectif de grimper cette ligne. Le deuxième jour de retour à Bavona, je transporte tous mes crash pads jusqu'au bloc et je réessaye. Je découvre vite que la méthode employée l’an dernier ne fonctionne pas, alors je cherche une autre façon. Au lieu de faire un jeté d'un mono en arqué à une arquée plate, je trouve le bon crochet pied droit et une prise haute pied gauche qui me permettent de verrouiller ce mouvement pour le passer en statique. Après de nombreuses tentatives, je réussis finalement ce pas pour la première fois. La partie ne faisait que commencer !
La session suivante, je me sens un peu fatigué et je ne trouve plus le pas. Un peu frustré, je décide de faire deux jours de repos et d’essayer avec une énergie renouvelée. Mon plan fonctionne et je peux répéter le mouvement, mais je n’ai toujours pas pu enchaîner depuis le départ. La séance suivante pourtant les conditions se sont améliorées, mes mains vont bien et je me sens en confiance. Après un bon échauffement, je suis prêt à essayer mais encore une fois je tombe dans la croix. Depuis le départ, c’est vraiment compliqué de prendre l’arquée de la bonne façon et cela rend le mouvement plus difficile. Un autre essai et je tombe à nouveau. Essai suivant : nouvel échec. Je me rends compte que je suis fatigué et qu'il est temps de prendre une heure de repos. Je descends jusqu’au parking et je me réchauffe dans mon van. Un petit goûter énergétique et je suis prêt à taper un dernier essai.
Je grimpe jusqu'au crux, je verrouille le mono, je place mon pied gauche et je crochète pied droit puis je tire aussi fort que possible. Je plaque à peine la prochaine arquée que je commence à comprendre que tout ce que j'ai à faire maintenant, c'est de tenir. Ce n’est toujours pas fini après ce pas mais je l’ai assez bien négocié et je sais que je peux y arriver.
Quelques secondes plus tard, je me retrouve au sommet de « Embrace Gravity » 8B+ – Première ascension. Le bonheur ultime !
Kim Marschner
BD Athlète
“Tout de suite, je suis tombé amoureux du Tessin et je savais que ce serait le spot de blocs où je voulais passer mon temps, pour répéter toutes ces splendides lignes classiques et réaliser de nouveaux blocs.“
“Je suis motivé à l’idée de trouver LE bloc qui se démarque de tous les autres.”
Le kit de Kim
Découvrez toutLe Tessin est presque devenu une deuxième maison pour Kaddi Lehmann.
Le matériel de Kaddi
Petit retour personnel aux débuts du bloc dans le Tessin
“J’ai été frappé par les innombrables blocs au relief très fin. D’un seul coup, ma fréquence cardiaque s’est accélérée, mes yeux ne voyaient plus que les incroyables possibilités d’escalade de bloc qui s’offraient à moi.”
Richi Signer, né en 1958 en Suisse, est un grimpeur sportif et un adepte du bloc de la première heure. Aujourd'hui, à la retraite, il passe la plupart de son temps libre à grimper ou à chercher de nouveaux blocs.
Il a été l'un des premiers grimpeurs à découvrir le potentiel infini du Tessin en matière de bloc, il aime la simplicité de cette activité. Découvrez ici son histoire sur le Tessin :
En 1982/83, un copain grimpeur, amateur de café latte et de vin rouge italien, m’a demandé de l’accompagner dans la région ensoleillée de la Suisse. Le potentiel de nouvelles voies était, selon lui, énorme et un coup de main pour le perçage (à la main !) était toujours le bienvenu. Lors de l’inspection d’une paroi au-dessus de Cresciano, j’ai été frappé par les innombrables blocs au relief très fin. D’un seul coup, ma fréquence cardiaque s’est accélérée, mes yeux ne voyaient plus que les incroyables possibilités d’escalade de bloc qui s’offraient à moi. Quelques semaines plus tard seulement, je me suis définitivement plongé dans ce cosmos de blocs, uniquement peuplé par quelques chèvres. Pas de nom de voie, pas de tick marks, pas de flèches pour indiquer le chemin, simplement un vaste terrain de jeu, rien que pour moi. En parlant de noms et des options : il y avait parfois des noms de lieu, mais il n’y avait que deux options : soit tu escaladais, soit tu n’escaladais pas. Parcourir la forêt de Cresciano, équipé seulement de chaussons d’escalade (*chaussures d’escalades), d’un chiffon, d’un sac à magnésie…quoi de plus agréable !
Seulement 2 ans plus tard, encore une fois par hasard, j’ai fait la découverte de Chironico, mon nouvel univers de bloc. Dès mon premier bloc, aujourd’hui appelé « Borderline », une prise m’a glissée des mains et j’ai atterri un peu brutalement sur le sol. À cette époque, on grimpait sans crash pad (ils ne deviendront la norme qu’à la fin des années 90) ni pareur, c’était donc une situation plutôt désagréable. L’expérience de la casse de la prise et de la zone de chute souvent défavorable a limité mes visites à quelques fois, ma préférence allait toujours à Cresciano. Un bon rebond et plus de soleil en hiver, car l’hiver était clairement ma principale période de visite, les conditions étaient parfaites. Un parkour avec une cinquantaine de blocs à travers l’ensemble du domaine, fait aujourd’hui encore, après quarante années, partie de mes destinations préférées. À la fin des années 80, des traces de magnésie étrangères m’ont surpris ici à Cresciano, me révélant que quelqu’un d’autre devait aussi venir par ici.
Au début des années 90, Fred Nicole est venu à Cresciano avec des amis et des locaux, entre autres pour faire de l'escalade sportive. Le potentiel du lieu en matière de bloc et le bon terrain de saut lui ont tout de suite sauté aux yeux. Dans la région voisine d'Osogna, il a réussi en 1994 à franchir le "Rêve de Mario", le premier bloc 8a du Tessin. Avec ce nom, l’énigme des mystérieuses traces de magnésie était résolu. Mario Ferrari était apparemment, dans les années 80 déjà, atteint par le virus du bloc. Dès 1985, il ouvert la « Traverse di Mario », un passage 7a+ à Osogna.
En 1996, je suis retourné à Chironico, avec Andreas Luisier, et nous avons également exploré la partie inférieure, aujourd’hui nommée « Rah Plats Plats ». Andreas marqua quelques « nouveaux » blocs avec de petites flèches, comme il était habitué à le faire dans le Jura bâlois. Quelques années plus tard, ces flèches ont attiré l’attention des frères Tresch et la boucle a été bouclée avec ma rencontre avec Fred Nicole car le monde du bloc était encore relativement petit. On se connaissait, on se croisait régulièrement et on écoutait de temps en temps ce qui se disait ça et là. La première publication dans l’espace germanophone a eu lieu en 2000 (dans le magazine Rotpunkt de mars 2000) et, en 1999, dans l’espace francophone (Rock n'Wall).
Avec ces publications, la présence internationale et la notoriété de Fred Nicole ainsi que l’apparition des crash pads, l’ouverture de voies, avec une participation internationale, n’a plus connu de répit à partir de l’an 2000. D’autres destinations prisées de bloc dans le Tessin, comme Brione, Calanca et Bavona ont suivi et le potentiel semble toujours inépuisable.
Malheureusement, comme dans de nombreuses régions, les conflits sont devenus « quotidiens ». Le bloc est devenu un sport de masse dans le monde entier, notamment grâce aux salles, et dans de nombreuses régions, la tranquillité n’est plus de mise. Même s’il est agréable de voir des gens s’adonner à leur sport favori en pleine nature, le comportement de certains pose problème. Le manque de respect envers la nature, le bloc et la population locale ne devrait pas exister.
Pour préserver la nature et les zones d'escalade (non seulement au Tessin), nous avons, en tant que grimpeurs, la responsabilité de maintenir un dialogue respectueux avec les autres communautés, cultures ou propriétaires des terrains et de respecter les règles locales. Voici quelques informations et règles utiles pour le Tessin.
Éthique de l'escalade en bloc au Tessin
- Interdit de faire du feu
- Respecter les règles d'accès locales et l'éthique de l'escalade
- Respecter les règles de stationnement et les frais de stationnement
- Respecter la nature
- N'accédez pas à la propriété privée
- Respectez les locaux et les autres grimpeurs
- Ne pas ébrécher les cales et les pieds
- Brossez les marques de tiques et la craie.
- Emportez vos déchets avec vous et jetez-les dans les sacs poubelles officiels.
- Soutenir les entreprises locales (acheter local)
- Chiens tenus en laisse s'il vous plaît
Nouvelles importantes et pages utiles contenant des informations locales :
https://www.aass.ch/chironico_boulder.htm
https://27crags.com/crags/brione/access